Village d'Amazonie, photo appartenant à C. Dupille
(Son voyage en Equateur, Rio Napo)
Introduction à cet article sur
la destruction de la forêt amazonienne
par Chantal Dupille
Chantal Dupille, munie de sa caméra 16 mm,
préfère franchir le fleuve
à califourchon plutôt que debout !
Jusqu'à quand tolèrera-t-on l'intolérable ? Jusqu'à quand laisserons-nous saccager notre planète ? "Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, alors seulement nous nous apercevrons que l'argent ne se mange pas" (Sagesse amérindienne)
Dans notre folie consumériste, nous oublions la terre, le vivant, les vivants. Les forêts disparaissent, des espèces animales disparaissent, des plantes disparaissent ou sont monopolisées à des fins de profits.
Lorsque j'ai été en Amazonie, en 1974, la forêt était luxuriante, chaude, humide, bruissante de vie animale. On s'y perdait ! Je raconterai mon voyage une autre fois. Mon propos, aujourd'hui, est de présenter cet article de mon ami Frédéric Delorca, co-auteur de l'Atlas Alternatif (lien plus bas).
Je dirais seulement qu'en allant en Equateur, j'ai réalisé un rêve d'adolescente. A peine âgée de onze ans, alors que je voulais faire ma médecine tropicale pour aider le Dr Schweitzer à soigner les lépreux (mon ambition était de me dévouer pour ceux que j'estimais à l'époque être les plus malheureux des hommes - mais nulle en maths, j'ai abandonné l'idée de faire des études de médecine), j'ai lu un article dans Paris Match sur l'assassinat de cinq missionnaires en Equateur (1). Et comme j'ai toujours eu la fibre de l'explorateur, même petite, m'écartant par exemple des sentiers battus pour découvrir ce qui n'intéressait personne, je me suis passionnée pour cette affaire, ce bout de territoire, ces Indiens... D'ailleurs je ne lisais, à l'époque, que des livres écrits par des explorateurs (Maufrais, Dana et Ginger Lamb, etc).
Et naturellement, je m'étais jurée d'aller y faire un tour, une fois adulte. Et c'est ainsi que je me suis retrouvée en Equateur, en Amazonie, avec mon ex-mari, ravie de rencontrer enfin mes chers Aucas, deux exactement, au bord du Rio Napo, venus demander des médicaments pour un des leurs malades..
Un des deux Indiens Aucas
On sympahisa, et ils m'invitèrent à séjourner dans leur camp à deux jours de marche. Mais mon mari, prudemment, m'en dissuada : "Si après notre arrivée un Indien décède, ils croiront que nous leur avons porté malheur et je ne donne pas cher de notre peau..."
Nous nous sommes contentés des Indiens Colorados, peinturlurés, eux, pour les touristes...
Voici encore quelques images de mon séjour, entre autres le système (avec poulie) qu'on devait emprunter pour accéder de l'autre côté du fleuve, en Amazonie, en territoire Auca... (où nous avons été en pirogue). Si le câble cassait, c'était le fleuve, plus bas... Et on nous avait prévenus: On ne change le câble que quand il casse ! :
Cuisine de hutte amazonienne,
Huttes au bord du Rio Napo,
Chercheuse d'or au bord du fleuve :
Note (1) sur l' introduction au post de F. Delorca, suivie de photos Aucas, vidéos, et l'article annoncé sur le massacre de la forêt amazonienne.
Chantal Dupille
(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Auca
L'avion des explorateurs, on entrevoit les photos des missionnaires assassinés. L'expédition a été reprise, plus tard, par l'une des épouses, et elle resta sur place ensuite.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Nate_Saint_Plane_original.jpg
Indien Auca - cokkomikfikralar.com
http://wn.com/Aucas
Un des cinq missionnaires assassinés - http://wn.com/Huaorani
Indiens Aucas :
La vidéo évoquant l'expédition Aucas
qui motiva mon voyage en Amazonie,
voici les liens
car l'intégration a été désactivée sur demande :
http://youtu.be/gqd2OqiM7mQ
http://www.youtube.com/watch?v=gqd2OqiM7mQ&NR=1
La forêt d'Amazonie, alors, était une splendeur !
Mais les Indiens Aucas, très sauvages, s'entretuaient,
et ils étaient au bord de l'extinction.
C'étaient des coupeurs de tête.
Je suis revenue du voyage avec une tête réduite.
Lorsque je les ai rencontrés,
ils venaient d'avoir leurs premiers contacts
avec la civilisation, portant leurs premiers vêtements.
C. Dupille
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Claudio Joao Ribeiro da Silva, saigneur d'hévéas et leader de la conservation des forêts et son épouse, Maria do Espirito Santo, ont été pris en embuscade et tués dans l'Etat amazonien du Para, ont indiqué des responsables de la police fédérale et du gouvernement brésiliens.
Les victimes étaient militantes de l'organisation fondée par le célèbre conservationniste, Chico Mendes, qui a été lui-même été assassiné par des éleveurs en 1988.
En février 2005, la religieuse Dorothy Stang, qui défendait les pauvres et les éleveurs opposés à la destruction de l'Amazonie a été également tuée par balle.
Ce double assassinat intervient à l'heure où la chambre basse du Congrès brésilien examinait des amendements à la loi de l'utilisation des terres, auxquels certains reprochent de faire reculer les acquis récents pour protéger l'Amazonie."La Chambre des députés a transformé la loi de protection des forêts en un passeport pour la déforestation et l'expansion débridée de l'agriculture et de l'élevage", a déploré Greenpeace dans un communiqué.
La déforestation dans l'Etat voisind'Amazonie a augmenté de 27 % en un an, d'après les données mêmes du ministère de l'Environnement a révélé récemment le journal A folha de Sao Paolo.Les observations du satellite Deter montrent qu'entre août 2010 et avril 2011, 1848 km² de forêt ont été anéantis, là où un an avant, durant la même période, 1455 km² d'arbres avaient disparu (soit à chaque fois l'équivalent d'une région française).
Contrairement à ce qui se passait dans les années 1970, quand la déforestation était souvent liée à des projets de développement financés par un gouvernement promouvant une colonisation de subsistance, la déforestation actuelle est liée à la compétition internationale introduite par la globalisation capitaliste des années 1990. Les progrès dans l'agriculture et l'élevage permettent désormais de transformer l'Amazonie en une zone rentable pour la culture du soja et l'exploitation extensive des bovins. La subvention étatsunienne à la culture du maïs pour la production d'éthanol est aussi responsable d'une grande partie de ce désastre écologique et social.Comme la demande de biocarburants continue d’augmenter, il se pourrait bien que l’huile de palme — la graine oléagineuse au meilleur rendement- devienne une culture dominante en Amazonie. Ce déboisement en retour modifie le climat local et favorise les feux de forêts. La moitié de la forêt amazonienne pourrait avoir disparu en 2030 (cf Mongabay.com).
Selon un rapport de la Banque mondiale, cette réduction aura pour effet l’extinction d’innombrables espèces, la perte de ressources en eau, la réduction des précipitations dans toute la région et l’affaiblissement du puits de carbone le plus important du monde. Le bilan humain n'est pas négligeable non plus : appauvrissement des petits paysans, expropriations par les grandes exploitations, inondations résultant des bouleversements climatiques locaux qui ont tué des dizaines de personnes au cours des dernières années et mis à la rue des milliers d'autres.
Le mouvement de déforestation s'accélère avec la reprise de la croissance mondiale au lendemain de la crise financière.
Aux Etats-Unis, la première puissance mondiale qui peut peser considérablement sur cette évolution, la sensibilité aux enjeux environnementaux reste inégale.
Sous l'administration Obama la CIA a créé un centre de recherche sur le climat et a relancé un programme, abandonné par George Bush, qui permet de partager les images satellites des glaciers et de l’Arctique avec les scientifiques. Des officiels de la CIA ont également sollicité les experts scientifiques pour connaître leur point de vue sur l’impact du changement climatique sur le monde et suivre les actions des pays pour réduire les gaz à effets de serre. Il est vrai que le complexe militaro-industriel étatsunien est lui-même menacé par les évolutions environnementales : plus de 30 bases militaires américaines se situent près des côtes et sont exposées à la hausse du niveau des mers.
Sur le dossier particulier de la déforestation tropicale des sénateurs démocrates comme John Kerry and Richard Lugar sont en pointe. Mais les Républicains américains demeurent insensibles. Alors que la déforestation causerait 20 % des changements climatiques via les émissions de gaz à effet de serre (un chiffre, il est vrai, qui prête à débat), les parlementaires républicains ont voté la semaine dernière contre le rapport mis en avant par le Démocrate Henry Waxman dans lequel il est affirmé que « Le réchauffement climatique est indéniable, comme l’atteste les observations relatives à l'augmentation des températures moyennes atmosphériques et océaniques, la fonte généralisée de la neige et des glaces et l'élévation du niveau des mers à l’échelle mondial».
Les appels à la solidarité internationale se multiplient. Selon l'économiste Nicholas Stern, une contribution de 10 à 15 milliards d'euros de la part des pays riches au fond de Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation de la forêt pourrait diminuer de moitié la déforestation. Le gouvernement brésilien lui a créé un Fonds amazonien ouvert aux donnateurs internationaux dans le but de réduire à 5 000 km2 la déforestation à l'horizon 2014-2017. Mais ce genre de fonds, outre qu'il ne peut suffire à compenser les besoins économiques des Etats fédérés brésiliens, est difficilement compatible avec la préservation de la souveraineté du Brésil et le libre-choix de ses options de développement.
Dans ce contexte, la sauvegarde de la forêt amazonienne semble difficilement envisageable sans une refonte générale du système économique qui l'encourage.
Le capitalisme poursuit la destruction de la forêt amazonienne
Atlas Alternatif Ouvrage Collectif | |
Essai - Actualité internationale - Histoire Contemporaine | |
ISBN : 2-84109-532-0 - 372 pages - Format : 150 x 240 | |
Paru le 22-05-2006 - Disponible | |
20 € | |
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