«Tant qu’il y aura dans le monde
de l’injustice et de l’inégalité,
moi je serai un communiste»
L'architecte Oscar Niemeyer
Chrétiens et communistes dans l'histoire
(..) Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, pour en partager le prix entre tous selon les besoins de chacun (..)
Je crois que cela s’applique aussi au communisme. Les Actes des Apôtres nous révèlent que les premiers chrétiens vivaient en communauté. Je ne dis pas que cela est réalisable aujourd’hui (peut-être que oui), mais je reconnais que le principe du don gratuit, du partage de tous ce qu’ils avaient avec les autres membres du groupe, étaient de bons principes. Il y avait peu de misère parmi eux, les besoins étant comblés par la collectivité. Voir Actes 2 :44-47: « Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. Jour après jour, d’un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. .
COMMUNISME CHRÉTIEN, par Joshua Fousthttp://www.uuqc.ca/Tribune%20Libre/V2N1/6-COMMUNISME%20CHR%C9TIEN.htm
Changer le monde ! Le défi semble être utopique cependant il est en train de rassembler les acteurs de la société civile en Provence (associations, syndicats ou simple citoyen). En effet, le projet, encore en état de gestation, consiste à créer un « Forum Mondial Social permanent en Provence » (la dénomination est encore provisoire) à l’image des « Forums Sociaux mondiaux » et dans la lignée de leur « Charte de principes ». Ce projet, qui est actuellement en préparation, a pour objectif, face aux dégradations sociales, politiques, économiques et environnementales, de mobiliser les acteurs de la société civile afin de « peser beaucoup plus fortement et efficacement » sur les décisions mondiales mais aussi de les mener à « revoir notre conception du sens de la vie ». Jean-Pierre Cavalié, délégué régional de la Cimade nous en dit un peu plus.
C’est une forme de révolution mais cette révolution là, n’est pas violente. Si on veut changer de logique, il faut qu’on cesse de penser la vie sous mode de la guerre. C’est une révolution dans le sens d’un changement radical et profond mais pas avec les armes. Le défi passe par une reconversion de tout le monde au sens profond du terme. Ça n’est pas seulement aux autres de changer, tout le monde doit changer.
Ça n’est pas un peu utopique ?
C’est une utopie. Utopie, ça veut dire un autre monde. C’est aussi étymologiquement : « utopos », « le lieu du bonheur ». Au forum Social Mondial de Belém qui a eu lieu en 2009, y’en a qui ont dit ; « le réalisme aujourd’hui, c’est l’utopie, ou « l’utopie aujourd’hui, c’est devenue le réalisme »."
Chiara Lubich
Paroles de Vie
http://pfamiliale87.over-blog.com/pages/Mouvement_des_Focolari-751698.html
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Le prochain — tout l’Évangile le dit clairement — c’est tout être humain, homme ou femme, ami ou ennemi, et on lui doit respect, considération, estime. L’amour du prochain est universel et personnel à la fois. Il embrasse toute l’humanité et se concrétise envers celui-qui-se-tient-près-de-toi.
Mais qui peut nous donner un cœur aussi grand, qui peut susciter en nous une telle bienveillance au point de nous faire nous sentir proches des êtres les plus étrangers, au point de nous faire dépasser notre amour de nous-mêmes et voir ce ‘nous-mêmes’ dans les autres ?
Un cœur si grand est un don de Dieu, c’est l’amour même de Dieu qui « a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné »
Il ne s’agit donc pas d’un amour ordinaire, ni d’une simple amitié, ni de philanthropie, mais de cet amour versé dans nos cœurs (..) Chiara Lubich
Chiara Lubich, fille de communiste (occulté par le Vatican)
et militante chrétienne ayant un amour universel
pour tout ce qui vit,
ses paroles de foi et d'Amour étaient des perles,
et elle a mis en place des cités pionnières, en Amérique Latine,
où la Parole de Dieu (dans Actes, Bible) était vécue au quotidien:
"Et tous avaient un seul coeur et une seule âme,
tous les biens étaient mis en commun et partagés entre tous".
C'était le communisme des premiers chrétiens,
modèle pour notre monde !
Cette partie de sa vie, dérangeante pour l'Institution Catholique,
était gommée au profit de ses engagements spirituels.
A sa façon, c'était une adepte de la Théologie de la Libération
et du Mouvement international Kaïros
(Mouvements présentés comme un
christianisme marxiste par le Vatican),
mêlant foi, engagements politiques pour la libération des peuples,
et se situant dans la tradition des Mouvements prophétiques.
J'y reviendrai, car je me suis longuement engagée
pour propager la Théologie de la Libération et Kaïros,
et j'étais Secrétaire du Groupe Témoignage Chrétien,
à Strasbourg, Groupes issus de la Résistance en 40
pour libérer la France du fascisme, avec le Gl de Gaulle.
Chantal Dupille
.
Sur mon blog,
Les personnalités d'hier et d'aujourd'hui qui m'inspirent - Kaïros
Industrie, agriculture, services, des volontaires y ont créé des entreprises dans l’esprit de l’«économie de communion» développée par Chiara Lubich et les Focolari : ces initiatives très variées, en Asie, Amérique latine ou Europe, répondent toutes à un double but, former des structures rentables à taille humaine, et créer des emplois ouverts aux plus démunis. L’axe central de l’économie de communion vise à réinjecter une partie des bénéfices dans des opérations de solidarité sociale.
Au Brésil, face à l’insalubrité des favelas, une femme crée une société de détergents et embauche quatre-vingts personnes… À Gênes, des coopératives performantes réinsèrent des exclus dans l’électroménager… Ce livre collectif évoque des expériences concrètes : compétence, qualité, transparence financière, respect de l’environnement, loyauté, culture du don, établissent des relations de confiance.
Denis Lense
http://www.famillechretienne.fr/livres/sciences-humaines/droit-et-economie/economie-de-communion-des-entreprises-osent-le-partage_c6_s281_ss288_d51822.html
Du bon usage de son testament humaniste
«Le meilleur travail pour l’architecte, c’est le monumental, c’est de laisser un espace pour l’imagination. La monumentalité a toujours montré l’évolution de l’architecture. C’est ce que le peuple aime.»
Oscar Niemeyer
L’architecte brésilien aux 600 réalisations, père de la ville de Brasilia et du siège du PCF place du Colonel-Fabien à Paris, s’est éteint mercredi 5 décembre à près de 105 ans. Niemeyer laisse derrière lui, à l’issue d’une carrière longue de 70 ans, un colossal corpus d’ouvrages d’architecture indissociable du Brésil, où il est né le 15 décembre 1907. Le Brésil a décrété un deuil de huit jours pour cette personnalité scientifique humaniste qui a eu des funérailles nationales. La preuve de la maturité et du respect de la science pour les pays respectueux du savoir.
A l’issue de sa formation, son entrée au sein de l’agence de l’architecte Lucio Costa en 1932 sera déterminante. Vingt-cinq ans plus tard, en 1957, Costa est chargé de réaliser le plan d’urbanisme de la nouvelle capitale administrative du Brésil, Brasilia. Niemeyer en édifiera les bâtiments publics majeurs, et sera considéré comme le «père» de la cité futuriste, décrétée Patrimoine mondial de l’humanité en 1987 par l’Unesco. En forme d’avion aux ailes incurvées, Brasilia est ordonnée par deux axes perpendiculaires, selon le plan imaginé par Lucio Costa. Niemeyer en réalise la cathédrale, qui peut accueillir 4000 personnes, le Congrès national (Chambre des députés et Sénat), le ministère des Affaires étrangères, le Tribunal suprême et le Palais de la présidence, encadrant la Place des Trois Pouvoirs. Parmi ses réalisations les plus célèbres, où le verre et le béton blanc sont omniprésents, figurent le secrétariat des Nations unies à New York ou le siège du Parti communiste français.
L’élégance de Brasilia
Les architectes brésiliens voulaient une architecture qui sort des sentiers coloniaux battus, ceux du «magister dixit». Comme rapporté dans le journal Le Monde: «Surgie en 1822, au moment de l’indépendance du Brésil, l’idée de faire table rase de la mémoire coloniale (avec la ville de Rio de Janeiro comme capitale) ressurgit un siècle plus tard: une première pierre est posée pour le centenaire de l’indépendance. Au début des années 1920, la colonisation intérieure du Brésil est en marche. La construction de Brasilia, en quarante mois, est une performance technologique, avec acheminement des matériaux par avion, travail du béton armé, audaces équilibristes. Elle surfe sur une immense vague de nouveautés, industrielles et culturelles. (1)
Le prix Pritzker, considéré comme le Nobel de l’architecture, lui a été décerné en 1988 pour la cathédrale de Brasilia, dont la célèbre coupole en «couronne d’épines» permet à la lumière d’inonder une nef pourtant souterraine. Au béton armé, sa matière de prédilection, Niemeyer imprime des courbes féminines – une autre de ses passions. La ville «rationnelle», d’une superficie de 5,8 km carrés, se dote d’un métro et de bus, de centres commerciaux, ajoute aux quartiers résidentiels des espaces verts et un lac artificiel. Brasilia, fut inaugurée en avril 1960. Construite en 1000 jours par des milliers d’ouvriers travaillant nuit et jour, ce cas inédit de ville moderne «planifiée et construite d’une traite, faite en courant», s’avère une déception cruelle pour Niemeyer: le peuple brésilien ne sort pas gagnant du projet. «Une ville du futur, confiait Oscar Niemeyer, serait une société horizontale où chaque individu serait égal à l’autre, où l’homme ne se préoccuperait pas des honneurs, où les gens seraient plus simples, plus compréhensifs, plus humbles, sachant réellement qu’ils sont insignifiants. C’est quelque chose qui s’est passée en Union soviétique. Je ne pense pas que ce soit terminé, rien n’est fini. Là où il y a des misérables, il y a des communistes pas loin.» (2) (..)
Changer la société, changer le monde
La deuxième partie de notre regard sur ce géant de la pensée humaine concerne son engagement inéfectible du côté des faibles. Le combat d’Oscar Niemeyer est à bien des égards, exemplaire. Il n’a jamais perdu sa faculté de s’indigner pour que les choses aillent bien et que l’homme retrouve sa dignité. «Pour moi, déclare Oscar Niemeyer, l’architecture n’est pas la chose la plus importante. Ce qui est essentiel, c’est de lutter pour un monde meilleur où il est possible de vivre comme des gens bien, comme des gens dignes, et pour cela, il faut si peu. En même temps, je serai heureux si mon architecture y contribue. Pas plus que je n’arrête de travailler, je n’arrête de protester, d’agir, de prendre position contre l’exploitation, l’injustice sociale, le capitalisme. Je peux dire que mon travail d’architecte se nourrit aussi de tous mes combats.» (3)
Certaines fois, il est pris par le doute, mais il ne perd pas espoir: «Souvent, les choses sont tellement dégradées, la misère est telle, le désespoir est si présent, l’injustice si généralisée que j’ai l’impression qu’il n’y a rien à faire. Les hommes seraient-ils aussi mauvais? Face à tout cela, il faut rester modeste et savoir que nous ne valons pas grand-chose. Nous ne sommes que des poussières d’étoiles.» (4)
J’ai compris immédiatement qu’il fallait changer les choses. Le chemin, c’est le Parti communiste. Je suis entré au Parti et j’y suis resté jusqu’à aujourd’hui, en suivant tous les moments, bons ou mauvais, que la vie impose. Quand je parle d’architecture, j’ai l’habitude de dire que la vie est plus importante que l’architecture. Tous les mardis, se tiennent dans mon bureau des rencontres avec des étudiants, des intellectuels, des scientifiques, des gens de lettres. Nous échangeons des réflexions philosophiques, politiques sur le monde. Nous voulons comprendre la vie, changer la vie, l’être humain Quand la vie est très difficile, l’espoir jaillit du coeur des hommes, il faut se battre, faire la révolution. On ne peut pas améliorer le capitalisme: il est responsable de ce qu’il y a de plus mauvais dans le monde. (4)
«A juste titre, écrit le professeur Giovenni Semeraro, Niemeyer est appelé le «poète des courbes», selon une définition qu’il a lui-même brillamment esquissée (…) Mais au-delà de l’usage merveilleux qu’il a fait des courbes, des formes légères et transparentes, s’élevant vers le ciel comme si elles volaient, au-delà de l’imagination, de la surprise et de l’inédit qui se trouvent dans ses centaines d’oeuvres de par le monde, je crois qu’un des aspects les plus significatifs de ses créations a été sa capacité de penser les monuments, les édifices et les villes comme espace public. Comme oeuvres intégrées dans l’environnement, ouvertes aux expressions culturelles et politiques du peuple: presque comme une invitation à chacun à faire s’exprimer son esprit créatif et convivial. Lieux dans lesquels, comme il disait lui-même, «l’homme ordinaire et sans pouvoir», toute la population, pût se reconnaître et se sentir à son aise et pût avoir la sensation d’appartenir à une création commune, à un monde libre et d’égaux. Sans interdictions, sans hiérarchies, sans secrets, sans armes, dépassant toute distance et sans se sentir écrasés par l’importance et l’arrogance des constructions des «messieurs» et des centres de pouvoir. Après la construction de Brasilia, en effet, il n’avait de cesse de dire qu’«il ne suffit pas de faire une ville moderne: le plus important est de changer la société».(5)
Les grands medias, conclut le professeur Semeraro ont naturellement, fait de beaux discours sur sa génialité, sur la résonance mondiale de ses oeuvres, sur son activité et sa longévité, sur sa générosité et sa solidarité. Mais peu de gens ont parlé de ses convictions politiques, de son communisme, de son programme de vie résumé dans la phrase «tant qu’il y aura dans le monde de l’injustice et de l’inégalité, moi je serai un communiste» ». (5)
Puisse votre combat nous inspirer Longtemps Reposez en paix Maître, que la terre vous soit légère!
1. http://www.lemonde.fr/culture/article/2011/12/16/et-de-nulle-part-surgit-brasilia_1619680_3246.html
2. http://www.slate.fr/story/63569/oscar-niemeyer-brasilia-architecte-beton
3. S. Hadj Ali: Oscar Niemeyer, Le testament l’Algérie. Le soir d’Algérie décembre 2012
4. http://www.humanite.fr/culture/qu-est-ce-qui-fait-courir-oscar-510482
5. GiovanniSemerarohttp://www.mondialisation.ca/la-grandeur-dun-genie-hommage-a-oscar-niemeyer/5314973
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
Vivre veut dire être partisan
Dans un article intitulé L'indifférence dont je vous recommande la lecture intégrale sur le blogue La lanterne de Diogène (pour lire cliquez ici), est cité ce beau texte de Gramsci:
Les indifférents,
Par Antonio Gramsci
Je hais les indifférents Je crois, comme Friedrich Hebbel, que « vivre veut dire être partisan », que les êtres humains séparés de la cité ne peuvent exister. Qui vit véritablement ne peut pas ne pas être citoyen ni prendre parti. L’indifférence est l’aboulie, le parasitisme et la lâcheté. Ce n’est pas la vie. Pour cela, je hais les indifférents.
L’indifférence est le poids mort de l’Histoire, c’est la balle de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte où s’enlisent souvent les plus splendides enthousiasmes, ce sont les marais des fosses de la vieille cité, et qui la défend mieux que les murailles les plus solides, mieux que la poitrine de ses guerriers, par ce qu’elle engloutit les assaillants dans ses fonds limoneux, les décourage et leur fait parfois se désister de leur entreprise héroïque. L’indifférence œuvre puissamment dans l’Histoire Elle œuvre passivement, mais elle œuvre. Elle est la fatalité. Elle est celle sur qui l’on ne peut compter. Elle est ce qui désorganise les programmes, qui renverse les plans les mieux construits, elle est la matière brute qui se rebelle à l’intelligence et l’étrangle. Ce qui en découle, le mal qui s’abat sur tous, le possible bénéfice qu’un acte héroïque, de valeur universelle n’est pas tant dû à l’initiative d’un petit groupe qui agit qu’à l’indifférence, à l’absentéisme du nombre…
Ce qui advient n’advient pas tant par le petit nombre qui souhaite que cela advienne que parce que la masse des hommes abdique sa volonté, laisse faire, laisse se nouer les nœuds que seule une épée pourra par la suite défaire, laisse se promulguer les lois que seule la rébellion fera abroger, laisse arriver au pouvoir les hommes que seule une mutinerie pourra renverser. La fatalité qui semble dominer l’Histoire n’est rien d’autre au fond que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme.
Des faits mûrissent dans l’ombre. Peu de mains, qui agissent sans aucun contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la masse l’ignore parce qu’elle ne s’en préoccupe pas. Les destins d’une génération sont manipulés selon des visions restreintes, des buts immédiats, des ambitions et passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse des hommes ignore parce qu’elle ne s’en préoccupe pas. Mais les faits qui ont mûri en viennent à éclore, et la toile tissée dans l’ombre est achevée… et alors il semble que ce soit la fatalité à abattre tout et tous, il semble que l’Histoire ne soit qu’un énorme phénomène naturel dans lequel nous restons tous victime, qui a voulu et qui n’a pas voulu, qui a su et qui n’a pas su, qui a agi et qui a été indifférent.
Et ce dernier s’irrite, il voudrait se soustraire aux conséquences, il voudrait que cela apparaisse clair, qu’il n’est pas responsable. Quelques-uns pleurnichent pieusement, d’autres blasphèment de manière obscène, mais personne ou peu se demandent : si j’avais fait moi aussi mon devoir, si j’avais cherché à faire valoir ma volonté, mon conseil, est-ce qui ce qui s’est passé ce serait passé ?
Mais personne ou peu se font une faute de leur indifférence, de leur scepticisme, de ne pas avoir donné leur bras ou leur temps aux groupes de citoyens qui, justement pour éviter le mal, se proposaient à combattre pour procurer le bien.
La plupart d’entre eux, au contraire, préfèrent parler de l’échec des idéaux, de programmes définitivement ruinés, et banalités semblables. Ils recommencent ainsi leur absence de toute responsabilité. Et ce n’est pas seulement qu’ils ne voient pas clair dans les choses, et que parfois ils ne sont pas à même de rechercher les belles solutions aux problèmes les plus urgents ou de celles qui, bien que requérant du temps et une ample préparation, sont toutefois autrement plus urgentes. Mais ces solutions restent bellement infécondes, mais cette contribution à la vie collective n’est animée d’aucune lueur morale ; il est produit de curiosité intellectuelle et pas du sens pénétrant d’une responsabilité historique qui nous veut tous impliqués dans la vie qui n’admet ni agnosticisme, ni indifférence d’aucune sorte.
Je hais les indifférents aussi parce que leurs pleurnicheries d’éternels innocents m’ennuient. Je demande des comptes à chacun d’entre eux sur le comment il a accompli le devoir que la vie lui a donné et lui donne quotidiennement, de ce qu’il a fait et de ce qu’il n’a pas fait. Et je sens pouvoir être inexorable, de ne devoir pas épuiser ma pitié, de ne pas avoir à partager mes larmes avec les leurs.
Je suis partisan, je vis, je sens dans les consciences viriles de mon être, battre l’activité de la cité future que mon être construit. Et en elle, la chaîne sociale ne repose pas sur un petit nombre, en elle, rien de ce qui se produit n’est dû au hasard, à la fatalité, mais est l’intelligente œuvre des citoyens.
Il n’y a en elle personne qui reste à la fenêtre à regarder pendant qu’un petit nombre se sacrifie, verse son sang dans le sacrifice ; et que celui qui reste à la fenêtre, aux aguets, veuille jouir du peu de bien que son peu d’activité procure, et épanche sa désillusion en vitupérant le sacrifié, celui qui s’est saigné, parce qu’il a échoué dans ses intentions. Je vis. Je suis partisan. Pour cela, je hais celui qui ne prend pas parti. Je hais les indifférents.
La cité future, 1917
http://alainindependant.canalblog.com/archives/2012/12/15/25926027.html