Les oubliés de l'hyper-puissance
"La vie humaine ne pèse pas lourd face à la loi du Marché".
De qui vient ce cri ? D'un gauchiste ? D'un militant épris de justice ? Vous n'y êtes pas ! D'une victime américaine de l'indifférence de ceux qui ont le pouvoir aux Etats-Unis. Oui, ce cri émane d'un citoyen de l'Amérique profonde. Tout simplement. Et il n'en a que plus de prix.
Sur la Chaîne parlementaire, j'ai regardé d'un oeil les souffrances de ceux qui se sont engagés, souvent bénévolement, et tous au péril de leur vie, pour effacer les traces de la tragédie du World Trade Center. Aujourd'hui, sur les 40.000 intervenants à Ground Zero, 70 % sont malades ou infirmes. Ils ont donné leur personne, leur corps, pour leur pays. Ils n'en ont pas été remerciés. Ils ont été oubliés, abandonnés à leur sort, tout simplement. Le Marché n'a pas de coeur, pas d'âme, pas de reconnaissance pour ceux qui se sacrifient afin qu'il puisse continuer à prospérer, à servir le Veau d'Or, à enrichir toujours plus une petite minorité de privilégiés.
Toute la vie de ces volontaires a été affectée, ainsi que celle de leur entourage. Certains sont morts, d'autres malades, d'autres seulement amers, en tous cas tous sont déçus de voir qu'on ne les a pas pris en charge. Personne ! Oui, vous avez bien lu, personne.
Une jeune épouse de volontaire ne touche même plus d'allocations. Elle a tout perdu, et d'abord ses illusions sur le beau rêve américain. Un rêve d'ailleurs qui engendre de plus en plus de pauvres, de plus en plus de victimes, de plus en plus de sans-logis, ou au moins, de mal-logés : dans des tentes précaires. Une Américaine est obligée de "donner" son enfant faute de pouvoir l'élever, en ajoutant : "On se bat juste pour survivre". Oui, dans le pays qui sert aujourd'hui de modèle à Nicolas Sarkozy, dans l'hyper-puissance militaire - on ne peut même plus dire financière. Mais qui a sacrifié l'humain a son appétit insatiable pour l'Argent et pour le Pouvoir, un pouvoir prédateur et dominateur. Et ce pays se présente encore comme celui de la Liberté, de la démocratie, de la civilisation, du Bien. Sans les médias complices, le colosse aux pieds d'argile serait-il apparu tel qu'il est, nu, vil, malfaisant ? Oui, malfaisant, même pour ses citoyens. Et ne parlons pas des innombrables victimes collatérales de Washington, partout dans le monde.
Quand l'humain est piétiné par la Nation qui donne des leçons au monde entier, quand les individus sont sacrifiés à la voracité d'une poignée de responsables politiques, financiers ou militaires, la barbarie est proche.
Et la barbarie, tout être civilisé doit la combattre, et non la renforcer comme le gouvernement français, aujourd'hui. Pour le malheur des Français piégés.
TAGS : Ground zero, USA, Sarkozy, 11 septembre 2001, barbarie, civilisation, modèle américain, multinationales, Finance, Argent, Marché, Veau d'Or, World Trade Center, Chaîne Parlementaire, démocratie, misère, privilèges, hyper-puissance, Washington, Etats-Unis, gauchistes...
Privilèges (suite)
Article du Canard Enchaïné
DU MERCREDI 17 SEPTEMBRE 2008 :
Les soldats paient
pour faire la guerre !
Il a choisi le Power Pack modèle "4 saisons" à 244€.
Sur la notice du sac de couchage, cette précision "Confort -20/+20°-C,
extrême -30°-C"
Puis il a acheté des sous-gants et un gros pull, celui que portaient les américains en 1944 pendant la bataille des Ardennes.
Ce caporal est bon pour l'Afghanistan, où l'hiver est particulièrement rude dans les montagnes.
Comme ses copains, c'est dans les magasins spécialisés que ce marsouin vient dépenser sa solde pour compléter son équipement.
Chacun y laisse entre 500 et 1000 €, pour se faire éventuellement trouer la peau.
Car il n'y a pas que les drones, les hélicoptères et les munitions qui font défaut sur place.
La qualité des équipements fournis en "dotation réglementaire » laisse à désirer.
« La solde des premiers mois de classe, c’est pour le matériel, Arktis – le treillis et autres vêtements camouflés -, le couchage et le reste, confie un jeune engagé.
Officiellement, ces emplettes sont interdites, par Réglementaire.
Mais la hiérarchie ferme les yeux et délivre même, ici et là, des « des agréments de paquetage ».
MATOS PAS GROTOS
Chez Doursoux, a deux pas de la tour Montparnasse, à Paris, dans un hangar vaguement transformé en magasin, les vendeurs ont l’habitude de voir défiler les combattants sur le départ.
Au milieu d’un fatras d’objets et de fringues plus ou moins « historiques » quelques articles très recherchés pour compléter un équipement déficient.
Hormis le sac de couchage ou les pinces coupantes multifonctions à 115€ , la toile de bâche est fort appréciée.
Avec ses œillets, elle s’accroche partout et sert d’abri.
Contre le vent ou le soleil.
Et, quand il fait vraiment soif, la gourde US en plastique garde l’eau plus au frais que celle en alu aimablement fournie par l’armée.
Très prisés aussi les sous-vêtements anti transpiration utilisés par les israéliens, et quelques paires de bonnes chaussettes.
Certains valeureux combattants achètent sur leur cassette personnelles des sticks en plastique afin d’immobiliser un éventuel capturé, des poignées et des lunettes de visée pour leur fusil Famas, mais aussi des chargeurs et des portes-chargeurs.
En revanche – c’est une première victoire – plus besoin d’acheter sur Internet des bouchons d’oreille.
Les protections auriculaires comme les lunettes destinées à protéger des éclats arrivent peu à peu dans les unités.
Le nouveau gilet pare-balles aussi.
De marque américaine, il est en cours de livraison.
Quant aux actuels rangers, lourds et rigides, ils provoquaient un sourire condescendant chez les yankees :
le modèle date de la seconde guerre mondiale.
Les nouveaux godillots commencent désormais à arriver.
On n’est pas pressé.
Les p’tits gars sont là-bas pour un moment… »
Brigitte ROSSIGNEUX
On ne meurt jamais pour sa patrie,
mais pour les multinationales aliénantes.